
Jericho, qui vient de fêter ses 10 000 ans d’existence, est une ville exceptionnelle pour son héritage architectural. Son site le plus spectaculaire est sans aucun doute le Palais d’Hisham, un vaste complexe érigé sans doute par Hisham ben Abed El-Malik (724-743), dixième calife de la dynastie des Omeyyades, bien que certaines hypothèses l’attribuent à son fils, Al-Walid II, qui aurait pu le construire entre 743 et 744. Un incontournable au cours d'un voyage en Palestine.
Œuvre monumentale inachevée, ce palais d’hiver fantastique situé à Jericho est à rapprocher des châteaux du désert situés à l’est de la Jordanie, mais il est vraiment beaucoup mieux conservé que les autres édifices, rongés par le sable et le soleil en plein désert.
Un tremblement de terre en 747 ap JC endommagea fortement l'édifice, que Saladin tenta de restaurer au XIIe siècle. C’est finalement l’accumulation des débris qui protégea le site jusqu’aux premières fouilles archéologiques entre 1934 et 1948 par l’archéologue palestinien D.C. Baramki. Sur place, le site est fantastique ! Les explications sur le site sont très bonnes, mais nous vous conseillons de prendre un guide local qui vous donnera des détails sur le faste et la vie de palais que menait le calife ici.
Le site, baptisé en arabe Khirbet el-Mafjer, était un lieu de détente et de loisir du calife, qui compte un palais, une mosquée et d'immenses thermes somptueux, une belle fontaine et un caravansérail. Le joyaux du site est une fameuse mosaïque de 850 mètres carrés, la plus grande et la mieux conservée découverte au Moyen-Orient, mais pour l’instant non visible par les visiteurs car excavée seulement en 2006 ! En 2015, l’agence de coopération nationale japonaise a signé un partenariat avec le ministère du tourisme et des antiquités palestinien pour restaurer cette fameuse fresque… la suite dans quelques années .
Une autre mosaïque magnifique est elle bien visible, la plus célèbre actuellement : il s’agit de « l’arbre de vie », un bel arbre verdoyant, avec à ses pieds, à droite un lion attaquant une biche, et à gauche deux autres biches. Elle se situe dans les bains, dans la pièce réservée au prince. Une statue du calife ornée de deux lions se situe à l’entrée des thermes, que l’on doit s’imaginer avec seize piliers dressés supportant un dôme central orné de visages humains et de feuilles d’acanthes.
Le palais quant à lui comptait un hall de réception et était orné de sculptures en stuc et de peintures et motifs sculptés géométriques, floraux, animaliers… mais aussi des hommes et des femmes représentés semi-nus et évoquant le plaisir des bains, notamment des danseuses relevant de la thématique des plaisirs princiers, tout comme dans les palais du désert jordanien… Alors que l’islam interdit les représentations humaines, il semblerait que les califes Hisham et Al Walid son héritier (à l’origine des châteaux jordaniens) furent plus libéraux, sans doute influencés par l’art byzantin, et surtout de véritables amateurs d’art !