La visite du lac Assale fait partie de l'expédition menant à la Dépression de Dallol sur deux jours. Parmi les divers stops, on commence par s'arrêter à proximité, où se trouvent des points d'eau bouillonnante dans le sol, des jacuzzis naturels salés où la concentration en sel est supérieure à celle de la mer Morte ! On peut aussi s'y baigner pour tenter l'expérience de flottaison, mais le sel dessèche et il faut passer la nuit au village afar sans douche d'Ahmed Ela... A vous de voir si ça vaut le coup !
On va ensuite à pied jusqu'aux rives du lac Assale, en fait un désert de sel où l'eau ne dépasse pas quelques dizaines de centimètres pendant plusieurs centaines de mètres avant de s'enfoncer plus en profondeur. Le lieu est magique, car le reflet des montagnes et du ciel dans l'eau salée créé des mirages. Mon convoi s'est ensuite arrêté au pied d'énormes montagnes de sel qu'on explore avec une lampe torche. Claustrophobes s'abstenir, c'est assez étroit.
Le clou de la visite du lac Assale, c'est d'aller à la rencontre des caravanes de sel constituées de centaines de chameaux qui font le trajet à travers le désert jusqu’à une immense mine de sel. Là des hommes taillent des blocs de sel sous une chaleur accablante suivant le même procédé depuis 2500 ans, quand les artisans de la reine de Saba venaient chercher le sel ici…
Environ 50 km2 de superficie, situé à 150 m sous le niveau de la mer, le lac atteint une profondeur de 7 à 20 m. Avec une concentration de sel de 348 grammes par litre d’eau, il est le plus salé du monde, plus encore que la mer Morte. Sachant cela, j'ai mieux compris pourquoi il présente une surface éblouissante de blancheur, et pourquoi il est auréolé d’une « banquise » d’une superficie équivalente à celle du lac (environ 50 km2).
Certes, avec un tel degré de minéralisation, la vie animale ou végétale n’y est pas possible, mais le contraste entre l’étendue d’une blancheur étincelante et les reliefs volcaniques environnants est d’une telle beauté… que j'en ai eu le souffle coupé ! Inutile de dire, cependant, que pour en profiter réellement, il faut penser à s'équiper de lunettes de soleil aux verres très filtrants, mais aussi d’un chapeau, de vêtements protégeant à la fois de la chaleur et du vent, et de bonnes chaussures de marche, qui permettent d’avancer sur la banquise de sel (en restant prudent, bien entendu).
Je vous propose un petit rappel historique. Des caravanes de sel font escale au lac Assal pour s’y charger de marchandises depuis des siècles. L’exploitation artisanale a été remplacée par une exploitation plus systématique à la fin du XXe siècle, destinée essentiellement à l’industrie. Les entreprises installées majoritairement dans le village voisin de Leïta ont cependant subi une telle concurrence que l’exploitation a considérablement diminué. De nouveaux projets devraient voir le jour, avec pour consigne de respecter la beauté du site et les perspectives de développement touristique. Égoïstement, on préférerait effectivement que le lac Assal soit exclusivement réservé aux caravanes chamelières et aux treks qui y sont régulièrement organisés…